Un Parc pour quoi faire ?

PNR : Les composantes

Dissection

Et oui ! Après tout c’est le titre de la rubrique !
Un Parc pour quoi faire ? Un Parc c’est quoi ? Et moi, et moi, et moi... ça me rapporte quoi ? Alors que le décret de création du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes vient d’être signé (voir cette brève) et à la veille de l’"Inauguration", faisons le tour de la, ou plutôt des questions.

Disséquons !

Un territoire de qualité

« Un Parc naturel régional se crée sur un territoire au patrimoine naturel et culturel riche mais à l’équilibre fragile et menacé. Ses limites sont négociées entre tous les partenaires ; son territoire correspond à celui des communes qui adhèrent volontairement à la charte du parc. »

Bref, tout territoire ne peut prétendre à être Parc naturel régional. Cependant, si nous nous faisons vaguement une idée des territoires éligibles, le point de vue de chacun peut varier d’une sensibilité à une autre, d’un intérêt à un autre. En effet, quel point commun peut-on trouver entre le Parc naturel de la Chevreuse en région parisienne et le PNR du Vercors, ou encore entre le Parc de la Narbonnaise et le PNR Oise-Pays de France tout juste créés... ?

Un territoire riche et fragile ! Soit ! Mais encore faut-il, pour être Parc naturel régional, que les élus de nos collectivités le souhaitent (c’est eux qui votent en bout de course, voir plus bas). Et là, ce n’est pas toujours gagné d’avance. En effet, entre la vision à cours terme de la majorité de nos élus (voir la précipitation), les échéances électorales, la crainte des habitants (justifiée ?) ou la pression de groupes d’usagers qui cherche à défendre leur prés carré (sans chercher à plus s’informer...), ce n’est pas toujours facile pour qui cherche à convaincre.

Revenons aux limites du territoire ! Le périmètre d’un PNR est strictement conforme aux limites des communes qui ont délibérées favorablement (contrairement à de nombreuses autres démarches d’intercommunalité, encore que...). Par conséquent, si la majorité des élus communaux ne sont pas convaincus, le périmètre du Parc peut ne pas être cohérent ; il faut donc soit revoir sa copie, soit abandonner. En clair, pas de PNR si les élus ne sont pas d’accord.

En ce qui concerne le Parc naturel régional des Pyrénées Catalanes, ce sont les 64 communes du projet qui ont délibérées favorablement.

Un projet de développement

« Le parc s’organise autour d’un projet qui vise à assurer durablement la protection, la gestion et le développement harmonieux de son territoire. Il est mis en œuvre par un organisme regroupant toutes les collectivités impliquées : régions, départements et communes adhérentes. »

Il est consigné dans la Charte du Parc. La charte, « c’est le contrat qui concrétise le projet de protection et de développement élaboré pour le territoire du parc.

La charte fixe les objectifs à atteindre, les orientations des actions à mener et les mesures permettant leur mise en œuvre. Elle engage pour dix ans ses signataires - élus locaux, départementaux et régionaux - ainsi que l’État qui l’a approuvée. Passé ce délai de dix ans, une procédure de révision permet, d’après le bilan du parc, de redéfinir un nouveau projet décennal et de reconduire éventuellement son classement. »

C’est quoi la Charte ? Ce sont les objectifs communs que se donnent les signataires (de cette Charte) pour les 10 ans à venir pour le territoire concerné.
La difficulté de l’exercice n’est pas simplement de mettre tout le monde d’accord (la Charte du Parc naturel régional des Pyrénées Catalanes a nécessité pour sa rédaction près de six années de concertation, plus de deux-cent réunions de consultation sans compter celles des dizaines de groupes de travail), mais de rédiger un document compris et validés par les élus des collectivités locales, mais qui réponde également au langage technocratique de l’administration...

Le Rapport de la Charte lui-même, s’accompagne en préambule d’une analyse de l’existant (Inventaire et Diagnostic) et d’un Plan du parc (une cartographie au 1/100000e au moins), d’un Contrat territoriale (un programme d’action pluri-annuel), un Organigramme de l’équipe, un Budget prévisionnel, etc.

Un label... et une marque déposée

« Un territoire est classé Parc naturel régional par décret et se voit attribuer la marque « Parc naturel régional » par le Ministère chargé de l’Environnement. Cette marque déposée a pour but de promouvoir une image de qualité, liée aux efforts de protection et de mise en valeur du patrimoine menés sur ce territoire. »

Le Ministère attribue à un territoire dont les acteurs proposent un projet de développement durable (on tâchera de revenir là-dessus) un label de qualité : le label Parc naturel régional. Et puisque cela ne suffit pas, Parc naturel régional est aussi une marque déposée à l’INPI (Institut national pour la protection industrielle). Ainsi, chaque parc peut passer une convention avec des producteurs, artisans ou prestataires de son territoire pour "marquer" des produits qui respectent l’environnement, le patrimoine et les savoir-faire de son territoire.

Voilà, nous y sommes ! Et oui "Parc naturel régional" ça fait bien ! Et puis parc naturel, parc national... Quelle différence pour le commun des mortels ? Toujours est-il que Parc naturel dans une brochure touristique attire le chalant sous une image de protection de la nature (promis, là aussi on y reviendra !).

Si le patrimoine naturel du territoire du Parc naturel régional des Pyrénées Catalanes fera de ce PNR l’un des plus riches des 43 Parcs naturels régionaux de France, le label servira-t-il plus la protection de l’environnement ou le développement touristique ?

Des collectivités gestionnaires

« L’organisme de gestion, autonome et souverain, est, en règle générale, un établissement public de collectivités territoriales. »

« De type administratif ­ syndicat mixte ­, il est composé des élus représentant les (ou le) conseils régionaux, les communes du parc et les (ou le) conseils généraux. Il prend l’avis de personnalités scientifiques, de représentants des associations locales et de partenaires socio-économiques, les associant à l’élaboration et à la mise en œuvre de ses programmes d’action. »

Un syndicat mixte donc composé des maires des communes (ou un adjoint), des présidents (ou leurs représentants) des communautés de communes, de conseillers généraux du (des) département(s) et de conseillers régionaux (parfois de représentant de chambres consulaires et d’établissements publics) avec une représentation pas obligatoirement proportionnelle aux cotisations (on ne rentrera pas dans le détail sauf si vous le souhaitez).
Ainsi, ce sont les élus des collectivités territoriales qui "pilotent" le parc. Voilà un bel outil démocratique. Non ?...

Voilà, après ça vous ne direz plus que je travaille aux Eaux et forêts !


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