Normalisation française

Système d’unités pifométriques

Nous allons aujourd’hui aborder le domaine de la physique, science qui fut pour beaucoup d’entre nous approximative dans ses résultats et aléatoire dans ses expérimentations. Un domaine n’a sans doute pas été suffisamment exploré : c’est celui des différents systèmes d’unités.

L’objet de cet article est de mettre un peu d’ordre dans l’imbroglio des unités utilisées.
Les rigoristes forcenés de tous poils prendront alors davantage conscience de l’existence de leur nez (pif, tarin, blase, tarbouif ou nase) plutôt que de celle de leur nombril

Avant propos

La pifométrie est une science très ancienne et universelle. La preuve en est que chacun vient au monde avec son propre pifomètre incorporé. Cette particularité appelée pifogénèse relève de la transmissibilité des acquis, et explique pourquoi le système pifométrique, au-delà de son universalité, reste sensible aux influences sociales, corporatives, voire raciales.

1 Domaine d’application

La présente norme définit les principales règles de la pifométrie et fixe la terminologie des unités du système pifométrique.
Elle n’a pas la prétention d’être exhaustive mais l’ensemble des termes présentés couvrent une part très importante de la culture universelle de l’à-peu-près.

2 Principes de la pifométrie

Les quelques scientifiques qui se sont penchés sur le problème ont établi les principes de base de la pifométrie.

Premier principe : Le pifomètre est strictement personnel, inaliénable, consubstantiel à l’individu et inutilisable par autrui.

Exemple : La notion de pétaouchnock évoque, selon le cas, Serdinya pour l’autochtone Olettois, une ville du Nord pour le juge Perpignanais, ou une capitale africaine pour le normalisateur parisien.

Deuxième principe : Deux pifômes de sens contraire ne s’annulent pas.

Exemple : Les deux expressions "Ça fait une plombe que je t’ai dit de me remettre ton rapport !" et "Ça ne fait pas une plombe que tu m’as remis ton Plan de gestion !" indiquent de façon identique qu’un subordonné va bientôt se faire remonter les bretelles par son chef pour peu que celui-ci prenne le temps de jeter un oeil sur son rapport bâclé.

Troisième principe : Il n’y a rien d’intéressant à tirer d’une moyenne pifométrique.

Exemple : La moyenne entre le bon bout de chemin et le sacré bout de chemin est calculée comme étant le sacré bon bout de chemin, ce qui n’apporte aucune information supplémentaire quant à la longueur réelle du chemin.

3 Règles de la pifométrie

Les règles de la pifométrie n’ont jamais été rédigées mais chacun les applique d’instinct.

Ce document n’a pas l’ambition de les citer toutes, mais seulement les principales :

Règle1 : Le produit d’une unité pifométrique par un scalaire quelconque est égal à l’unité pifométrique initiale.

Exemple : " Deux minutes , s’il vous plaît !" ou " Trois minutes , s’il vous plaît !" représentent exactement la même durée que " Une minute , s’il vous plaît !".

Règle 2 : Deux grandeurs pifométriques égales ne sont pas superposables.

Exemple : La longueur réelle d’un poisson manqué n’a aucun rapport avec celle exprimée en unité non dénommée par l’écartement des mains du pêcheur, d’autant que celles-ci ont tendance à s’éloigner à chaque itération du récit des faits.

Règle 3 : Une unité pifométrique peut représenter des grandeurs différentes pour des individus différents (découle de la pifogénèse).

Exemple : La giclée d’huile ordonnée à l’apprenti mécanicien par le contremaître conserve toute son efficacité quelle que soit l’interprétation volumétrique donnée.

4 Les unités du système pifométrique

4-1 Unités de quantité

Les différentes unités sont utilisées suivant l’importance qualitative ou quantitative des grandeurs. Il faut également tenir compte de la nature concrète ou non de la chose mesurée.

Pour le tangible, les unités recommandées sont les suivantes :

4.1.1 La palanquée : unité de grande quantité, éventuellement dénombrable avec une bonne dose (voir plus bas) de courage.

Exemple : J’ai une palanquée de dossiers en retard.

4.1.2 La tapée : unité de grande quantité, avec une connotation de dégoût.

Exemple : J’ai encore une tapée de demande de subvention à la DIREN à me farcir.

4.1.3 La flopée : unité de grande quantité, avec une connotation d’excès.

Exemple : À la dernière réunion, il y avait une flopée de directeurs.

4.1.4 La tripotée : unité de grande quantité, avec une connotation de mépris.

Exemple : Dans ce Parc, il y a une tripotée de bons à rien.

4.1.5 La chiée : unité générique très populaire, voire triviale, de grande quantité pouvant avantageusement sinon élégamment se substituer à chacune des unités précédentes (C’est vrai, essayez !). Dans sa grande universalité, elle connote naturellement à la fois le dégoût, l’excès et le mépris.

Aucun exemple n’est cité pour conserver à ce document une certaine dignité.

Signalons toutefois les multiples bien connus : la mégachiée et surtout la tétrachiée, qui permet d’accéder à l’ampleur galactique.

4.1.6 la ribambelle : unité désignant une longue suite d’objets ou de personnes, généralement ennuyeux et sans intérêt.

Exemple : La réunion s’est éternisée à cause d’une ribambelle de questions.

Nous pouvons également citer le max, le fifrelin, la lichette, l’iota,le bézef (unité utilisée toujours sous la forme négative : exemple "je travaille un max pour pas bézef"), la dose, la ration et ses multiples : la bonne ration et la sacrée ration...(liste non exhaustive)

Si ce système d’unités non éditable par l’AFNOR présente quelque intérêt auprès de nos lecteurs nous pourrons voir, dans une de nos prochaines éditions quelques unités de valeur (la tripette, la roupie de sansonnet..), quelques unités d’estimation et d’ajustage (au pif, à vue de nez, au cheval près...), quelques unités de longueur (le bout de chemin, la trotte), des unités monétaires (la pincée, la poignée, le paquet...) ou encore des unités de température (le loup, le canard le lapin : unité employée uniquement dans sa forme adjective ; "chaud comme un lapin").


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