Mali...magique

novembre 2007

Lundi 5 novembre 2007-J1
Le 1er jour est destiné à se mettre dans le bain : on commence donc par prendre un taxi pour être à Roissy à 4h00 ! 4H00, ça fait tôt, surtout quand on sait qu’on fera escale pendant 2h00 à... Marseille pour un ravitaillement, le changement d’équipage et la montée des passagers marseillais... L’arrivée au Mali se fait à l’aéroport de Mopti à 12h30 sous 37°C. Passés les formalités de douane et le gros choc thermique (dû à l’attente sous le soleil pour récupérer les bagages sur le tarmac et faire du change auprès d’une cahute en tôle posée au milieu de tout ça), nous faisons la connaissance d’Abraham (notre guide) et embarquons à bord du bus "Bonne Chance", sorte de camionnette reconstituée taille mouchoir de poche qui nous oblige à nous plier en 4 entre nos bagages. Rapide passage à Sévaré (banlieue de Mopti) par le bureau local de l’agence chargée de notre séjour (pour prendre le matos et embarquer avec nous notre cuisinier Daniel (c’est très précieux, un cuisinier !)), puis route vers Djenné. Nous faisons nos premiers kilomètres dans la poussière, brinquebalés sur les banquettes défoncées du "Bonne Chance", passons un bac sur le Bani (affluent du Niger) et arrivons dans la ville classée "patrimoine mondial de l’UNESCO". Le soir : resto un peu kitch et touristique, bière Castel de 60cl puis nuit à l’hôtel (dans la Suite (s’il vous plait !), sorte d’appartement sans fin avec clim’, 2 salles de bain et tout plein de geckos qui se baladent sur les murs !).
- Abraham, on fait quoi demain ?
- Demain est un autre jour ! On s’en fiche...

Mardi 6 novembre 2007-J2
Le matin est consacré à la visite de Djenné, sa mosquée, ses maisons en banco, ses petits commerces et ateliers de teinture... Nous déambulons jusqu’à 11h00 dans le dédale des rues en espérant ne pas nous perdre au milieu d’une animation perpétuelle (ânes, poules, enfants, pileuses de mil, vendeurs). Nous rejoignons ensuite en bus le port de Kouakourou où une pinasse nous attend. Là c’est le pied : se laisser glisser sur les eaux tranquilles du Bani (oh !), profiter de l’horizon végétal (ah !), du passage des aigrettes (ouaah !) et des saluts des pêcheurs... jouer à l’équilibriste sur les bords de l’embarcation pour rejoindre les "toilettes" aménagées à l’arrière (hum !), lutter contre les rideaux en toile qui n’en finissent pas de voler au vent en claquant dans nos oreilles (grrrr !!). Arrêt en cours de route à Ounagara, village de pêcheurs un peu perdu où les enfants nous accueillent avec grande curiosité. Au coucher du soleil, nous débarquons au milieu de rien, sur les bords de la rivière. Là : rapide et sommaire installation du bivouac, déballage des sacs pour la nuit et... aspersion de lotion anti-moustiques (ça attaque sévère !) La nuit tombe vite, il faut le savoir et toujours garder la frontale à portée de main. Après, c’est dîner (couscous) sur le bateau et baptême de la bouteille de pastis qu’a apportée Pierre (que pour le moment on trouve sympa (because la bouteille !)). Le mélange pastis + eau tiède traitée aux pastilles purifiantes a un goût bizarre, mais bon, il va bien falloir s’y faire ! Nuit sous la moustiquaire à scruter les étoiles. Demain est un autre jour.

Mercredi 7 novembre 2007-J3
Lever 6h00, rangement du matériel et ré-embarquement sur notre pinasse. Nous arrivons vers 8h00 au port de Mopti où de nombreux pêcheurs (et vendeurs pour touristes qui vendent tous moins cher les uns que les autres !) s’affairent (le vendeur de chèches, justement, fait affaires !). Passé le transfert des bagages de la pinasse vers le bus, nous faisons route jusqu’à Sévaré pour y laisser du matériel. Vient ensuite le long et douloureux (!) trajet vers les Monts Hombori. La route est bien droite mais la conduite, pas trop ! Le parcours est jalonné d’embûches (passage de troupeaux (zébus, moutons, chèvres), postes de contrôle à la sortie des bourgs, nids de poule, cyclistes, piétons, ânes...), sans compter que la chaleur et la poussière se font d’heure en heure de plus en plus sentir. Nous sommes assez contents de faire une pause pour le déjeuner à Douentza où nous nous jetons sur les bières (c’est quand même vachement mieux que l’eau chaude qui dégage sa bonne odeur de chlore dès qu’on la porte à la bouche !). Nous repartons à 15h30 (le gros de la chaleur est passé, il ne fait désormais plus que 37°C !) et arrivons au "camping" de la Main de Fatma au coucher du soleil. Soirée : bière, installation des matelas sur le toit de la maison d’accueil du camping, douche à la frontale (installation sommaire raccordée à une citerne dont il faut bien prendre soin de partager l’eau), pastis-cacahouètes (achetées sur la route), dîner. Nuit sous les étoiles avec un petit vent frais bienvenu. Demain est un autre jour.

Jeudi 8 novembre 2007-J4
5h45 : lever de soleil sur la Main de Fatma. Petit déjeuner puis départ pour une "balade" autour de la monumentale Main de Fatma : petit vent "frais" pendant toute la montée, escarpée, au travers de gros rochers ; la redescente se corse, car passé 10h00, on atteint, puis dépasse, les 40°C et la roche rayonne de chaleur. Nous rentrons au camp vers 11h15, exténués par notre première sortie à pied (ça promet !). Les tongs, la bière et le déjeuner sont bienvenus, à l’ombre d’un petit abri de pisé. Le thermomètre indique maintenant 54°C au soleil, ce qui nous passe l’envie de mettre le nez "dehors". Nous remontons tout de même dans le "Bonne Chance" à 14h00, entassés comme à l’aller, avec les gourdes à portée de main. Le long de la route, le bus fait soudain un crochet pour emprunter une piste quelque peu chaotique ; les seuls véhicules que l’on croise sont des 4X4, ce qui nous laisse un peu perplexes au regard de notre moyen de transport à nous ! "C’est l’aventure" nous sort Abraham, ce qui ajoute un peu à la perplexité... du coup on n’est plus trop surpris quand on doit sortir du bus pour pousser le machin, ensablé, sous le regard impassible des dromadaires qui mâchouillent leur herbe. Après une bonne heure de piste et quelques 3 ou 4 sorties pour pousser, nous arrivons à Dianvéli pour passer la nuit chez des villageois. Installation des matelas sur le toit de la grande maison, rapide "douche" avec un seau et un gobelet, puis pastis, dîner à la lampe au pétrole et "sang de chameau" (le karkadé aux fleurs d’hibiscus). Il y a mariage ce soir au village et on est quelque peu surpris par les coups de fusil tiré à l’occasion. Après, pendant la nuit, il y a les ânes, les moustiques du trou d’eau d’à côté et... les ronfleurs. Moi, j’ai bien fait d’embarquer mes bouchons d’oreilles ! Demain est un autre jour.

Vendredi 9 novembre 2007-J5
Lever : 5h00. Petit déjeuner. Rangement des sacs. Remplissage des gourdes. On attend toujours les mêmes. Départ : 7h00. Traversée de Dianvéli, marche dans un terrain sableux au travers des cultures de mil qui occupent la moindre parcelle de terre ; Abraham nous montre tout un tas de plantes dont on oublie les noms aussi sec. Il commence à faire bien chaud et on attaque la montée sur un plateau quasi désertique où subsistent les traces de très anciennes cultures. Puis le grès devient sable, et la progression se fait de plus en plus difficile, sans compter que les courbatures de la veille se font sentir et que le soleil tape (40°C). On est assez contents d’arriver, à 11h30, au village d’Anda, où on trouve un bon emplacement ombragé sous un énorme manguier, au bord d’une rivière. Après 4h00 de pause pique-nique-sieste-aération de pieds à l’abri du soleil, nous repartons direction Perguessey. Nous visitons en cours de route les jardins maraîchers d’Anda, puis le village de Namakoro où nous découvrons les tissages locaux et teintures d’indigo. Nous arrivons à Perguessey à la tombée du jour et installons nos affaires sur le toit d’une maison du village, après le baptême de la montée d’échelle Dogon ! Rapide "douche" entre deux rochers puis dîner (Daniel nous a préparé une soupe à l’oignons, du mouton, et découpé la mangue désormais quotidienne). Ce soir c’est fête au village (un baptême) ! C’est rigolo les tams-tams... sauf quand ça dure jusqu’à 2h30 et quand les coqs et les chiens s’y mettent aussi et quand, après tout ça, le muezzin de la mosquée annonce le proche lever du soleil ! Demain est un autre jour. Ah non, on est déjà demain !!

Samedi 10 novembre 2007-J6
Nuit très très courte, tête dans le c... et yeux embrumés... nous manquons de tomber de l’échelle en descendant prendre le petit déjeuner qui a du mal à passer ! Il est 7h15 quand nous démarrons, sacs au dos... il fait déjà chaud ; on n’avait pas besoin de ça ! Marche et visite de quelques villages, puis arrêt pour midi au village de Sindé. Nous nous entassons sous un pauvre abri de 4m2 recouvert de paille pour échapper encore et toujours à la chaleur. Heureuse surprise : un vendeur de bière est venu rejoindre notre groupe de porteurs et nous propose à la vente ses bouteilles chaudes ! Rrrroooo !! Pas fou, le gars ! Sauf qu’il a pas de monnaie ; y’a pas de monnaie dans ce pays, les pièces sont plus chères que les billets ma parole !! Pendant 4h00, nous profitons des jeux des enfants qui tirent l’eau au puits du village et s’arrosent en rigolant. Nous repartons dans l’après-midi sans avoir trop pu dormir (trop chaud) et gagnons le village de Kassa qui s’étage en plusieurs quartiers. Nous grimpons jusqu’à l’école où nous devons passer la nuit : grande cour, grande terrasse en longueur pour aligner les couchages en rangs d’oignons (!). Aaahhh... "douche"... puis chouette dîner (patates douces frites-bananes plantain-poulet avec une petite sauce aux oignons, mangue, tisane de kinkéliba) qui nous permet -encore- de féliciter Daniel, Danieeeeeel... qui rougit (ou presque !). Nuit chaude sous le "préau" de l’école. Demain est un autre jour.

Dimanche 11 novembre 2007-J7
Ah tiens, c’est l’Armistice !!! La bonne affaire !! Aujourd’hui nous devons rejoindre Irébane. Nous commençons notre journée par un agréable cheminement le long d’une rivière sous une "forêt" de manguiers, papayers et autres bananiers bien rafraîchissants. Puis nous montons sur le plateau d’où nous avons une vue magnifique ; nous croisons ça et là quelques bergers avant de rallier le lieu où on va déjeuner : Bendé. C’est un hameau isolé et très venté ; comme toujours et malgré le vent, il fait très chaud et l’abri en pierre est tout juste assez grand pour prendre ses aises. Trouver à s’occuper pendant 4h00 devient difficile : on a épluché le VSD de Jackie en long en large et en travers, restent les mots fléchés qu’il va falloir économiser ! On en garde un peu pour demain et on va discuter avec les porteurs, pour la plupart paysans dans la région... Nous reprenons la route sur le plateau désertique et gagnons Irébane. Visite de la partie haute de la ville puis abrupte descente vers ses quartiers bas, à travers les roches agencées comme des escaliers. Nous nous installons dans un campement communautaire pour la nuit et rebelote... bière, douche, pastis, bonne bouffe de Daniel... dodo ! Demain est un autre jour.

Lundi 12 novembre 2007-J8
La nuit est interrompue par la pluie. Ploc ploc... quelques grosses gouttes... Pleuvra, pleuvra pas ?...ok, on se lève !! La pluie prend de l’intensité et j’ai que le temps de balancer mes affaires par dessus la terrasse (n’oublions pas que c’est sur le toit qu’on dort et que la descente d’échelle, sac au dos, à 4h30 du matin en tongs, je le sens pas trop !). C’est pas la peine de se recoucher, il est déjà l’heure de se lever ! Qui-qui nous a dit qu’il ne pleuvait jamais à cette période ? Abraham se ravise en nous disant que ça n’est pas de la pluie, mais juste des gouttes de mille-pattes !! Ah bon ! Toujours est-il que le temps s’est couvert aujourd’hui et ce n’est pas un mal : nous nous sentons tout légers sans le soleil !! Il nous faut remonter sur le plateau ; changement de couleur comme le caméléon ! : après une bonne dénivelée (ça met en jambes !), nous nous enfonçons dans l’intérieur du pays Dogon : traversée d’étranges paysages où les roches de grès, sculptées par l’érosion, prennent des formes d’animaux gigantesques et arrivée, inattendue, au village de Bédié où nous découvrons des vestiges d’habitations troglodytes Tellems (et où, accessoirement, nous pensons avoir perdu Christophe à la cabine téléphonique [1] !). Nous visitons Bédié, et grimpons dans la falaise pour découvrir les maisons perchées et l’hôpital local ! A 11h30, à la sortie du village, nous faisons notre halte quotidienne sous un grand porche rocheux. Bonne sieste. Pique-nique. Mots fléchés (trop faciles, ils sont déjà finis !). Relecture de VSD !! (même Abraham connait maintenant tous les potins français !! Ca craint !). Nous repartons vers 15h00 et enchaînons quelques montées / descentes de plateau en plateau avant d’arriver à Kamellou. Ce soir il y a du vent, il ferait presque frais dis donc et les douches dans les courants d’air sont vite prises ! Demain est un autre jour.

Mardi 13 novembre 2007-J9
Nous quittons Kamellou en saluant tous les enfants qui nous suivent jusqu’à la sortie du village avec leur "ça va ? ça va bien ?". Nous nous enfonçons ensuite dans une grande faille qui abrite de l’eau, de la végétation et des oiseaux colorés. Après la descente : la remontée... suante ! Nous marchons un peu pour découvrir sur le plateau d’Indelli, d’abord de gros baobabs et oh surprise !, une retenue d’eau couverte de nénuphars, aménagée pour l’irrigation d’une immense zone de cultures : tomates, oignons, melons, piments, aubergines... Nous achetons deux melons d’eau à un maraîcher pour midi et reprenons notre sentier. Nous nous arrêtons pas très loin d’Indelli sous un arbre qui fait bien peu d’ombre !
- Quand même, Abraham, tu trouves pas qu’il fait chaud ?
- Mais... c’est l’Afrique !
- Ah oui, c’est vrai !
- Daniel, y’a de la glace au dessert ?
- (sourire)
Courte sieste, re-relecture de VSD (on va avoir passé nos vacances avec Sarko !!) et... oohh ! Christophe dégote un vieux Marianne au fond de son sac !! Mots croisés niveau 5 (on va pouvoir les faire durer !). Ce soir, nous devons retrouver deux "nouveaux" qui arrivent de France et rejoignent notre groupe pour passer la fin de semaine avec nous ! Nous délirons un peu en espérant qu’ils vont avoir pensé au saucisson et au fromage (tiens, ça fait penser à Jackie qu’il a des Babibel dans son sac, mais où exactement ???) ; peut-être même qu’ils sont martiniquais et qu’il vont avoir apporté du rhum et des boudins créoles ! Ou bien ils sont du Sud-Ouest... Bref, ils ont intérêt à avoir apporté quelque chose (parce que notre bouteille de pastis se termine) ! Nous menons l’enquête mais Abraham n’a pas d’info (lui, espère que ce sont des filles !!). Nous arrivons à Kaoli, comme d’hab’ au coucher du soleil : nous avons le temps d’aller prendre la mesure de l’immensité de la plaine sous le soleil couchant, perchés sur la falaise de Bandiagara... L’hébergement est assez coquet : petit espace resserré, table, chaises... et pastis en vente ! On va pas faire les difficiles, même si on changerait bien d’apéro (les nouveaux n’ont rien apporté ! Boouuuhh). Jackie a retrouvé ses Babibel (!!) dans un triste état (la cire rouge a fondu avec la chaleur), mais... qu’est-ce que c’est bon avec le pastis ! Nous faisons ce soir la connaissance de Tranquille (qui a accompagné les "nouveaux" jusqu’ici depuis Mopti) ; Tranquille ne boit pas, il goûte (le pastis) ! Il goûte plusieurs fois d’ailleurs... et on a tout intérêt à discrètement retirer la bouteille parce qu’il nous faut économiser les vivres pour la suite du voyage ! Ce soir on entend des débuts de tam-tam et on a très peur (cf. le baptême) mais en fait, non !! Demain est un autre jour.

Mercredi 14 novembre 2007-J10
Au petit déjeuner, Jackie nous fait part de son analyse : après enquête, il s’avèrerait que les mouches qui noircissent nos tartines le matin sont les mêmes que celles croisées dans les chiottes. Ah tiens ?! c’est étonnant ! Nous démarrons très fort par la descente de la falaise qu’on a admiré la veille. C’est assez raide et Abraham nous détourne du sentier pour emprunter un chemin de traverse qui mène directement au village de Damassongo. Accompagnés par la flûte des bergers, nous traversons le village pour y rencontrer le Hogon (chef spirituel et aîné du village) et découvrir les greniers à mil typiques du pays Dogon. Nous gagnons ensuite Wéré sous une chaleur de plus en plus étouffante (45°C) et faisons halte dans un campement où nous nous liquéfions ! Pique-nique et... y’en a marre du café bouillant à la fin des repas !!Jackie relève 57°C en plein soleil avec sa montre à 13h00 ; après quelques minutes, le cadran n’indique plus rien, ce qui le fait stresser ! Nous n’arrivons bien sûr pas à dormir et partons plutôt dans des fous rire. Nous repartons sous 38°C (beaucoup mieux !) et gagnons le village perché d’Atô après une longue piste en sable et une raide montée. La journée fut longue ! La douche est bienvenue, la bière aussi (notre "barman" est toujours là, fidèle au rendez-vous ! Il fait des affaires, même si ça se termine souvent avec des comptes d’apothicaire (rapport à l’absence de monnaie !!). Mais les bons comptes font les bons amis et on arrive toujours à trouver une solution, quite à payer ou à récupérer sa monnaie le lendemain). Demain est un autre jour.

Jeudi 15 novembre 2007-J11
Réveil 5h45 : le soleil se lève sur la roche et le village en les éclairant d’une lumière rose assez surprenante. Nous faisons nos sacs et repartons pour une journée de marche. Abraham nous explique un peu les rites traditionnels qui ont lieu dans les villages, puis nous le suivons jusqu’à Yendouma Sogol (son village). Là, nous faisons un bref arrêt au collège, puis gagnons l’atelier de sculpture de Petit Tellem, auprès duquel, Pierre, un de nos porteurs, est apprenti. Nous prenons connaissance de leurs travaux et je me décide à leur passer commande d’une petite statue en bois d’acacia. Nous marchandons un peu nos achats et Petit Tellem nous assure que nos commandes seront livrées samedi à Koundou Dà. A midi, nous déjeunons chez l’habitant et goûtons au mil local (une sorte de couscous un peu "étouffe chrétien". "Ca boit beaucoup dis-donc !". On reprend trois fois de la sauce !). C’est à ce moment précis que nous perdons Pierre (pas le porteur, l’autre, celui du pastis (voir J2)) qui fait une chute dans les champs de mil en allant draguer la Dogonne (ça c’est l’interprétation d’Abraham), mais ça fait désordre devant Mireille (la femme de Pierre) qui pense un instant le laisser seul en convalescence. Car Pierre ne peut plus marcher, il lui faut passer la nuit ici et être transporté en charrette le lendemain jusqu’à l’étape d’après !! (Rires). Rrrrooo, c’est bête ! Bref, en attendant, Abraham est quand même bien embêté, mais on lui répète ce qu’il nous a appris jusqu’ici : "y’a pas de problème, que des solutions !" Nous repartons donc en laissant derrière nous Pierre et Mireille. Ne perdons pas de temps, il nous reste quelques bons kilomètres à parcourir : nous visitons d’abord rapidement le marché de Sogol qui grouille de monde (nous croisons à l’occasion Tranquille qui habite ici et nous offre... une bouteille de pastis !) puis nous nous engageons sur une longue piste de sable rouge qui nous ralentit terriblement, sans compter que les cram-cram sont féroces dans la région et s’accrochent à nos chaussettes et à nos bas de pantalon à tout va. Et gare à celui qui veut les enlever avec ses mains ! Aïeeee !! Nous avons une dernière montée -rude- dans la roche avant d’arriver à Youga Piri. Là : magie du lieu et des maisons creusées dans la roche, en haut, tout en haut... sous la lumière ocre du soleil qui se couche. Nous sommes hébergés dans un campement local bien aménagé et avons la chance, ce soir, de goûter à la bière de mil (spécial !), au pastis offert par Tranquille, ainsi qu’à un dîner de fête préparé par Daniel : brochettes de mouton grillées avec patates douces frites et mangue (ça fait tout de même 8 jours qu’on a repéré le grill en inox transporté par les porteurs !) Rrrrooo... Pierre va tout rater ! Nous pensons à lui et à la journée en charrette qui l’attend demain (Rires). Mais demain est un autre jour !

Vendredi 16 novembre 2007-J12
Nous décollons tôt et commençons par la montée escarpée du sentier qui mène à la source du village et que les femmes empruntent plusieurs fois par jour pour aller chercher l’eau. Nous arrivons sur un plateau rocheux désertique et rebelote... nous devons redescendre de l’autre côté ! cette fois en empruntant une échelle posée sur le bord d’une belle faille (sécurisée tout de même par quelques branchages !!!). L’échelle Dogon en grosse godasses, c’est pas chose très aisée (heureusement que Pierre est pas là !). Ca passe quand même et ça valait le coup car on débouche, dans la faille, sur un trou d’eau renvoyant par endroit une couleur bleue assez irréelle. Un peu plus loin, le village de Youga Dogorou nous présente ses maisons en terre, perchées et entassées entre les rochers. Dans ce village a lieu, tous les 60 ans, la traditionnelle fête du Sigui. Rendez-vous dans 20 ans ! Passé Youga Dogorou, nous redescendons jusque dans la plaine pour rallier Koundou Guina au bout d’une longue (très longue) piste de sable ! Nous rêvons à nos bières en traînant nos pieds dans le sable et croisons une charrette abandonnée sur le bas-côté de la piste (serait-ce celle de Pierre ?!). Au village, le repas est pris dans une pension assez cossue. Vers 15h00, nous repartons direct pour une montée encore plus ardue ! (ça doit être la fatigue qui rend les montées de plus en plus dures !! quoique là, Abraham nous a caché qu’il y avait des échelles ! Normal, sinon, y’en a qui auraient fait demi-tour !!). Le village de Koundou Dà nous attend, en haut, sur le plateau. Il domine toute la plaine. Nous le traversons et gagnons notre hébergement pour un repos bien mérité. Demain est un autre jour.

Samedi 17 novembre 2007-J13
Dernier jour au pays Dogon. Nous laissons ce matin nos affaires au campement pour partir faire un petit tour tranquille autour du village de Koundou Dà. Au programme : visite des jardins, des caïmans sacrés (bien planqués dans leur marigot), d’anciennes habitations troglodytes tellems, de peintures rupestres... nous rentrons au camp pour 11h00, l’apéro, le déjeuner et la sieste qui s’ensuit, interrompue finalement par les mouches. La journée est plutôt cool et se termine, en fin d’après-midi, par une dernière excursion au bord de la falaise pour admirer le paysage et le village, tout petit, de Koundou Guina, traversé la veille. La soirée est animée : Petit Tellem (le sculpteur de Yendouma Sogol) nous avait promis nos statues et nous les apporte en personne au moment de l’apéro (comme par hasard !) ; nous savourons le dernier repas préparé par Daniel et ne manquons pas de le féliciter pour la n-ième fois ; puis il y a fête au village, des danses, des chants et de la musique... ce qui plait beaucoup à Abraham ! Nous nous couchons un peu plus tard que d’accoutumée, après une veillée à la lampe à pétrole qui finit par faire tourner la tête. Demain est un autre jour, mais demain, nous quittons les Dogons et sommes un peu tristes.

Dimanche 18 novembre 2007-J14
Après une dernière nuit sur les toits à la belle étoile, nous nous levons à 5h45 et prenons notre petit déjeuner. Nous repartons à pied, direction Sangha où le "Bonne Chance" doit nous attendre pour rejoindre la ville. Nous profitons une dernière fois des "Ou Séo, Guinni Séo, Ounoum Séo..." d’Abraham (salutations à rallonge qu’il destine à tous les paysans qu’il croise), de l’ombre des baobabs, et des paysages infinis... L’aventure prend fin et nous quittons avec beaucoup de regret notre équipe de porteurs. Nous voilà partis pour 3h interminables de piste chaotique dans un bus à l’habitacle surchauffé par le soleil de midi ! Chèche mouillé sur le nez pour ne pas respirer la poussière et eau chaude chlorée à portée de main, nous gagnons Mopti où nous nous débarrassons de nos bagages à l’hôtel "Y’a Pas de Problème" puis déjeunons dans un resto, sur le port, une sorte de plat de restes de poissons qui nous fait regretter la cuisine de Daniel (et les mangues) ! Nous revenons à pied à l’hôtel en passant par le marché en effervescence. Vraie douche et repos-doigts de pieds en éventail au bord de la piscine ! Le dîner est servi à 19h30 à l’hôtel dans une ambiance musicale très malienne (chants puis djembé). Je m’endors bien difficilement : le confinement de la chambre me fait regretter les toits dogons et les étoiles. Demain est un autre jour.

Lundi 19 novembre 2007-J15
La sale journée du retour débute par un réveil matinal et un petit déjeuner qui a un goût de fin de séjour déprimant. S’ensuit une série de longues attentes jusqu’à l’heure du décollage (on ne sait encore pas trop à quelle heure. Mais comme le dit Abraham : "vous, vous avez l’heure ; nous, nous avons le temps !!"). Bref, cela signifie qu’il faut patienter. Après les adieux à nos hôtes maliens, l’enregistrement des bagages et le succinct contrôle aérien, nous montons dans l’avion, direction Marseille, puis Paris. Arrivée à 22h00 en sandales sur le tarmac de Roissy mouillé par la pluie, nuit froide, grèves nationales dans les transports, taxi. Fin de l’aventure.

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