Première esquisse

Quatre jours après signature de l’acte de vente du terrain, l’architecte visitait la parcelle pour commencer à réfléchir sérieusement à notre projet de construction, et nous proposer 3 semaines plus tard une première esquisse.

Lors de l’entrevue sur le terrain, nous avons précisé ou modifié ce que nous avions déjà évoqué pendant nos 2 premiers rendez-vous. L’architecte, quant à lui, nous a apportés des renseignements sur certaines techniques et matériaux, notamment pour la récupération de l’eau de pluie, pour l’assainissement - parce que nous ne pouvons pas avoir le tout-à-l’égout, donc nous devons avoir une fosse septique, ou adopter un autre mode de traitement des eaux usées - pour le chauffage, pour la toiture, pour les toilettes sèches, etc... L’archi a également donné son avis quant au choix de l’implantation de la maison, avec les conséquences en coût notamment.

Ce qui est étrange pendant ces entrevues, c’est qu’on arrive toujours avec des questions, et on en repart toujours avec des réponses et d’autres questions ! Et à chaque fois on se remet à rêver sur le projet ! Sur le coup, nous avons surtout rigolé au sujet des toilettes sèches, en songeant à la tête de nos parents respectifs au moment de faire pour la première fois chez nous leurs petits besoins naturels... Ma foi, s’ils ont des réticences, ils pourront toujours aller satisfaire leurs envies au fond du jardin ! Mais il s’agira sans nul doute d’une petite révolution familiale, ces toilettes sèches ! Et d’une révolution également dans la commune, le canton, et tout le département, car d’après le dernier numéro du magazine "Maison écologique", qui traite notamment des toilettes sèches, nous avons découvert une carte de France du nombre de toilettes sèches, et d’après cette source, il n’y aurait que 4 foyers aveyronnais équipés de ce genre de "oua’terre" ! Bref, nous sommes les futurs 5èmes - enfin, peut-être que d’ici notre emménagement, d’autres auront tenté aussi l’aventure ?

Mais cette révolution va attendre un peu, car finalement, l’architecte prend rapidement beaucoup de retard, car il est charette (jargon de bureau d’étude), avec plusieurs chantiers à terminer avant de se lancer dans notre projet. Bref, les 3 semaines se transforment en 3 mois ! Et la fameuse première esquisse ne nous apparaît que pour la mi-juin... Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous ! Certes, mais ce n’est pas facile pour des gens pressés d’emménager chez eux de ronger leur frein. Alors en attendant, on potasse à mort une quantité de livres, pas pour le baccalauréat, mais pour une épreuve bien plus technique et pratique, encore et toujours notre projet immobilier immobile in mobile dans notre tête. Ca cogite à tout rompre, sur les toilettes sèches et le compostage qui va avec, sur l’assainissement des eaux grises, sur le jardin (plantation des haies et d’un verger, restauration de murs en pierres sèches, entre autres choses), l’implantation de l’entrée dans la parcelle.

Le jour J arrive enfin, et nous dévorons des yeux ce que l’architecte nous propose. C’est simple : 6 feuilles A4 agrafées, présentant des plans au 1/100ème du rez de chaussée, de l’étage et une coupe transversale, précédés d’un tableau de toutes les superficies utiles. Tout impatients, finalement le document devant nous, ça fait tout bizarre, on se retrouve tout chose, devant ces quelques feuilles. On n’ose plus ouvrir, mais on se lance quand même, l’architecte est venu pour cela non ?

De prime abord, les superficies m’affolent un peu : à peine 40 m2 au rez de chaussée en surface utile, un peu moins à l’étage. Un total de 75,50 m2 utiles... GLOUPS ! Mais je tourne malgré tout la page pour découvrir le plan du rez de chaussée, correspondant à l’espace de vie familial : tout y est : cuisine avec cellier, salle à manger et salon, simple et certes petit, mais ouvert, aéré, et a priori bien clair, puisque 3 baies sont exposées plein sud et donnent sur une terrasse de la longueur de la maison, et une autre côté est. Pour ce qui est de l’étage, 3 chambres et une salle de bain : 2 petites chambres mais avec paroi de séparation amovible pour faire un espace de jeu commun plus grand pour les enfants, et une chambre des parents plus grande, avec dressing. Des placards un peu partout. Bref, petit, mais a priori fonctionnel, avec un espace optimisé.

Une pièce à vivre au rez de chaussée
Petits espaces privatifs à l’étage

Nous évoquons quelques détails par rapport aux toilettes sèches - il a prévu de retirer la matière à composter par une trappe directement à l’extérieur, évitant ainsi de traverser le salon avec "la chose"... Appréciable quand on a des invités ! Nous avions demandé 2 toilettes (1 à chaque niveau) plutôt qu’un seul, mais il a gagné de l’espace en mettant un seul et unique "oua’terre" en demi-niveau, entre le rez de chaussée et l’étage. Pourquoi pas ?

Vue transversale
Le rez de chaussée est en partie enterré, pour gagner de l’inertie, de l’isolation.

Nous jetons ensuite un œil sur la dernière page, présentant la vue en coupe de l’habitation : agréable surprise, l’étage est petit en surface, mais pas sous pente ! Ouf, on gagne en espace. Puis nous abordons le sujet de l’extension à venir - nous espérons assez rapidement. Il l’a prévoit à l’est, et au final nos 75 m2 atteindraient les 105 m2, ce qui me fait retrouver le sourire. Ensuite, chacun tourne dans tous les sens le petit carnet, on discute, et 1h30 plus tard, le projet convient à tout le monde, et rendez-vous est pris pour la mi-juillet, pour les plans quasi-définitifs (plans de masse, plan de l’implantation sur le terrain, etc...) et dépôt de la demande de permis de construire en août.

L’architecte part, Jérôme et moi réfléchissons encore (et toujours) au projet, regardons pour n’importe quel prétexte nos premiers plans, et une certitude apparaît : il fallait faire appel à un architecte, car nous n’aurions pas su présenter quelque chose de précis à un charpentier, et il semble que nous avons choisi celui qui correspond le mieux à notre idée. La maison sera simple, écologique et économique - même si nous nous endettons pour quelques décennies - car les matériaux choisis sont sains, tout est calculé pour minimiser les coûts de fabrication : les dimensions sont pile poils calculées pour qu’il n’y ait pas le moindre morceau de bois en plus, chaque segment de la maison autorise une charpente et une toiture basiques, sans surcoût dû à un recoin, un décochement, etc... Les fantaisies, si un jour il y en a, apparaîtront au fur et à mesure des ajouts, mais le premier morceau est basique, pour faciliter toute extension future. Economique malgré tout, car même si elle vaut aussi cher que si nous avions choisi un autre mode de construction, elle est économe en ressources. Avec des toilettes sèches, la facture d’eau sera réduite, l’assainissement sera plus simple, le chauffage au bois est et sera moins cher que le fioul ou le gaz, et le chauffage au soleil encore moins cher ! Bref, fini les factures de carburant ou d’électricité exorbitantes ! Et en plus ces économies ménagent également notre planète, alors pourquoi nous en priver ?

Voilà, comme après chaque rendez-vous, on a envie d’être un peu plus vieux, et de voir se concrétiser encore un peu plus notre projet. Et dire que nous allons vivre dans l’attente encore un an, sans doute... La patience est vraiment une qualité exceptionnelle !


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