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Des papillons et des étoiles

Il était une fois une petite maison pas comme les autres...

Il était une fois une petite maison faite rien que pour nous, sur mesure, tout juste ajustée ànos rêves, et qui fleure bon le bois et raisonne du bruit de notre vie : les cris, les rires ou les pleurs des enfants, les miaulements du chat, le ronronnement du poêle parfois, la quincaille de la cuisine... Elle nous va comme un gant, et nous dorlote. Elle nous promet plein de bonheur, on en est certain.

Cela fait maintenant 3 mois que nous habitons dans notre cabane en bois, le bazar est encore omniprésent, l’aménagement pas totalement terminé, et pourtant on s’y sent bien, dans cette petite maison. Forcément, c’est la nôtre !

Mais ce n’est pas la seule explication ànotre sourire et notre grand soupir du soir au moment du coucher ou du matin juste avant de petit-déjeuner et de démarrer une nouvelle journée... Des petits détails nous ravissent au quotidien, des petits trucs insignifiants, comme la myriade de papillons qui forment autant d’étoiles filantes scintillantes sur nos vitres dans la nuit noire, le chant strident d’un criquet domestique, qui parfois se retrouve piéger entre une fenêtre et son volet, et qu’on s’empresse de libérer, ou bien une chauve-souris qui nous rase quand on sort sur la terrasse fermer les volets.

Tous les matins, la surprise renouvelée de redécouvrir le séjour en descendant l’escalier, et de réaliser qu’en quelques mois, tout ça est sorti de terre, et qu’on y vit, tout simplement, nous enchante. Il y a des défauts, ici l’enduit n’a pas été resserré àtemps, là, le carrelage est franchement ondulant... Ce carton devrait être éliminé le plus tôt possible, depuis quelques semaines... Il manque encore un quart de rond dans cet angle, un petit morceau de plinthe dans ce coin... Et quand on ouvre les volets, le jardin des Rumex est toujours là. Et pourtant, on se sent bien, alors les urgences, bien qu’évidentes, sont moins urgentes qu’avant. Serions-nous pris d’une soudaine paresse, d’une grosse fatigue voire même d’une totale négligence de notre cadre de vie ?

Ou bien est-ce simplement le plaisir de profiter des enfants, nos petits écoliers énergiques, insatiables d’histoires, de jeux, de découvertes, ou de jouir du calme, de la fraîcheur àl’abri du soleil, de la chaleur quand la fraîcheur tombe avec la nuit, de nos éclats de lumière réfléchie dans le mica des enduits, des nœuds bruns qui se baladent dans le lambris clair et mat, du paysage qui chaque jour change, et nous a offert de magnifiques couleurs automnales ?

Alors pour cet automne, on a laissé tomber les outils. On a oublié dans un coin les scies, marteaux, ponceuse, et tout au plus on s’est occupés du potager, qui nous a permis de concocter des petits plats bien goà»tus. Quel bonheur de voir les enfants se précipiter dans le jardin pour cueillir fraises et framboises dès qu’ils rentraient de l’école il y a encore peu de temps.

Quoi qu’il en soit, ça fait du bien de prendre le temps d’être chez soi, avec les siens, de faire des choses ensemble, sans horaire, àvolonté, comme le bébé allaité qui a l’assurance de disposer du téton de sa mère dès qu’il en ressent le besoin, àsatiété. Quelle volupté ! Quelle liberté ! Bref, c’est la dolce vita : on s’amuse avec les enfants àtrouver des formes dans le bois du parquet - Mathias a découvert une murène énorme àl’entrée de sa chambre et moi une tête d’ours - on ramasse les dernières noix, on scrute les enduits terre àla recherche de constellations de mica nouvelles, et on se souvient de nos toutes premières nuits dans cette petite maison, àdévorer des yeux le ciel qui nous offrait des étoiles filantes dans nos fenêtres grandes ouvertes. Quelle plus belle maison que celle qui nous permet de dormir àla belle étoile ?

Vivement notre premier Noë l ! Vivement toutes les premières fois qui nous attendent dans cette petite maison pas comme les autres !


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